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Association Clémence Isaure
Projet associatif
« Tout homme a droit au respect et à la dignité »
Pr Claude Olievenstein
Président d’honneur
L’association Clémence Isaure a été créée et déclarée au journal officiel le 3 janvier 1984 dans le but d’aider les toxicomanes à retrouver une dynamique personnelle et une nouvelle autonomie sociale.
Avec la volonté d’innover, d’anticiper, de compléter l’existant, l’association Clémence Isaure s’est attachée à développer des réponses alternatives à la drogue et à la souffrance. Les buts étaient :
Cette volonté, toujours présente, s’est adaptée à de nouvelles réalités.
L’article 2 des statuts de l’association Clémence Isaure (2007) dit les buts actuels :
1 - la création et l’animation de dispositifs d’accueil, ainsi que la mise en œuvre d’actions de prévention, d’accompagnement et de soins, en direction de publics, jeunes et adultes seuls, en couple ou accompagnés d’enfants, afin de favoriser leur épanouissement personnel, de faciliter leur insertion sociale et de leur permettre l’exercice de la citoyenneté.
2 - (de) promouvoir et de gérer des services de soins, d’accompagnement, d’insertion et de réduction des risques pour usagers de drogues ou des personnes présentant d’autres addictions avec ou sans produits, accueillis soit dans des familles d’accueil, soit dans toute autre forme de services adaptés à leurs problématiques.
3 – (de) veiller à la reconnaissance du toxicomane ou des personnes présentant d’autres addictions avec ou sans produits, en tant que personne, dans tous les lieux décisionnels où il en est question.
4 – (de) faire toute action de formation professionnelle continue, et toute autre forme d’information, de formation, de recherche et d’expertise dans le cadre des buts poursuivis par l’Association.
5 – (d’) aider toute personne seule ou en couple, avec ou sans enfants, en grande difficulté et qui demande une aide :
6 - L’Association pourra faire toutes actions d’insertion par l’accès au logement autonome. Elle pourra si besoin être bailleur d’habitat très social.
Historique
Au moment de la fondation de l’association Clémence Isaure, apparaissait la nécessité d’inventer une réponse thérapeutique et citoyenne nouvelle à la question de la toxicomanie, dans un contexte de répression et alors que la prévalence du sida était très forte parmis les personnes toxicomanes. Martine Lacoste, alors assistante sociale au Centre médical Marmottan, a fondé l’association Clémence Isaure avec le soutien du Professeur Claude Olievenstein, médecin chef à Marmottan et qui devient Président de l’association. Le lien privilégié avec l’Hôpital Marmottan a permis la transmission à une équipe toulousaine d’une expérience, d’un savoir et d’une éthique. Le réseau de familles d’accueil en Midi Pyrénées voit le jour le 1er juillet 1987.
Les familles d’accueil relèvent un défi : celui de l’implication d’hommes et de femmes dans une démarche citoyenne qui ne va pas de soi. Elles incarnent la véritable affirmation d’une reconnaissance du toxicomane en tant que personne. Elles sont des témoins, des passeurs, qui se proposent à la « Rencontre » et à l’échange.
Né au temps du sida, le service et les familles d’accueil ont dès l’ouverture accueilli des personnes malades ou en fin de vie.
Les familles sont des bénévoles et non des salariés de notre association. Elles se proposent à une rencontre humaine et thérapeutique de surcroit, accompagnées par des professionnels.
Le service des familles d’accueil constitue toujours une pierre angulaire de l’association, tant par le nombre de prises en charges qu’il réalise que par ses orientations thérapeutiques. Ce sont sans doute les familles d’accueil qui donnent une « âme » à l’association parce que depuis sa création et dans chaque expérience elles nous parlent d’accueil et de citoyenneté. Elles participent depuis toujours à la réflexion autour du sens de notre action.
Très vite s’est imposée la nécessité d’un service de suite à l’accueil en famille. Dès 1989, au
1 boulevard Bonrepos puis au 42 rue des Champs Elysées, l’association a proposé un lieu, un accueil, un espace de soin, pour donner du « corps » au lien avec les personnes toxicomanes. En s’inscrivant dans les évolutions règlementaires, cet espace thérapeutique, baptisé « La Maison » par Yannick Noah en 1991, deviendra Centre de Soins Spécialisés en Toxicomanie en 1993.
L’hébergement en appartement s’est imposé comme un complément indispensable des familles d’accueil. En 1991, sous l’impulsion de la D.D.A.S.S. de la Haute Garonne, est créé le service Appartements Relais Evaluation Clémence Isaure, A.R.E.C.I. Cette action est venue apporter une réponse rapide en sortie de sevrage. C’est un temps pour construire un projet. Les personnes accueillies présentent souvent des profils lourds avec un cumul de handicaps notamment sur l’interface toxicomanie/psychiatrie. Le service A.R.E.C.I. a élargi au sein de notre association la réponse en termes d’hébergement en faveur de l’autonomisation des personnes.
En 1992 est créé le service des Appartements Thérapeutiques Relais qui accueille des toxicomanes en grande difficulté d’insertion, notamment les parents seuls ou en couple avec leur(s) enfant(s), et les personnes bénéficiant de traitements lourds (VIH, VHC). Il n’existait à ce moment là aucune structure pour accueillir des mères toxicomanes avec leurs enfants. L’association a souhaité créer un dispositif en faveur de la parentalité avec un accompagnement psychosocial qui s’attache à soutenir la fonction parentale afin de prévenir la transmission des pathologies transgénérationnelles. Ce projet a pu exister grâce à l’implication du Conseil Général de la Haute Garonne qui finance l’accueil des enfants.
Le contexte du système de soin aux toxicomanes et les prises en charge se sont transformés à partir de 1993 avec l’application des mesures relatives aux politiques de substitution et de réduction des risques. Les traitements de substitution ont placé la prise en charge de la toxicomanie dans le champ médical. Les mesures de réduction des risques, avec notamment les échanges de seringue, donnent un caractère totalement paradoxal à l’interdit d’usage posé par la loi de 1970.
A cette époque, riche en débats et en réflexion sur ces nouvelles modalités de prise en charge, l’association s’est engagée dans deux projets : la création d’un service de réduction des risques, Intermède, et la création d’un Dispositif d’Equipes Mobiles dans la Cité, D.E.M. Cité.
Intermède, boutique de réduction des risques crée en 1994, est un lieu d’accueil pour les personnes qui continuent à consommer des substances psycho actives. Ce dispositif répond à un besoin de réduction des risques et des dommages liés aux usages de drogue, notamment du risque infectieux. Il répond aussi à un besoin d’écoute, d’accueil, de respect pour des personnes qui auparavant n’avaient pas toujours accès aux lieux d’accueil spécialisés. Intermède est devenu en 2006 un Centre d’accueil, d’accompagnement et de réduction des risques, C.A.A.R.U.D.
Le projet D.E.M. Cité naît en 1997 du constat que le dispositif de soin spécialisé en toxicomanie doit s’adapter pour rendre l’offre de soin plus accessible en l’inscrivant dans différents contextes hors du champ strict du soin spécialisé en toxicomanie. Il s’agit de rendre possible un relais spécialisé pour des personnes qui vont bénéficier des dispositifs de droit commun.
Avec D.E.M. Cité, l’association a voulu répondre à des besoins observés : là où auparavant il existait un clivage entre dispositifs de droit commun et dispositifs spécialisés, D.E.M. Cité est un lien, une offre de partenariat pour se rapprocher des toxicomanes « là où ils sont, là où ils en sont ». Cela permet de diversifier les possibles pour les personnes toxicomanes, de potentialiser les dispositifs existants, et en particulier de favoriser un accès aux dispositifs d’hébergement et d’insertion de droit commun.
Le service D.E.M. Cité s’appuie sur un réseau conventionné ou non d’établissements sociaux et médico-sociaux, et propose des moments de synthèse et des échanges pour associer ses compétences à celles d’autres équipes et enfin favoriser la transmission des savoirs.
L’association va devenir gestionnaire en 2001 du Trastoulet, C.H.R.S, suite à une fusion-absorption. Elle devient gestionnaire pour renforcer encore les dispositifs qui tendent à l’insertion (donner sa place) et l’intégration (donner à la personne insérée les moyens de participer) des personnes en souffrance avec une addiction. Pour autant ce C.H.R.S. n’accueille pas exclusivement des personnes confrontées à une addiction.
L’association s’est engagée sur le thème de la prévention depuis 1998 : c’est le projet Axe Sud. La prévention revêt une dimension politique évidente à l’heure où les politiques publiques accentuent la répression. Or prévention – réparation – répression semble devoir être un tout articulé de manière cohérente. Axe Sud s’inspire d’une démarche recherche – évaluation : c’est une démarche expérimentale. Les intervenants de ce projet vont aujourd’hui à la rencontre des jeunes, des enseignants et d’adultes sur le thème de la sécurité routière, des consommations de substances psycho actives et des conduites à risques, en particulier depuis 2001.
L’association poursuit son action en cherchant à s’assurer que la personne est au centre de chacune des propositions d’accompagnement et que plusieurs possibles s’offrent à elle, dans le respect de son histoire singulière.
Fondements éthiques et valeurs
L’association Clémence Isaure œuvre à l’écoute, au soin et à l’insertion sociale de toute personne en difficulté avec des substances psycho actives ou une addiction sans substances mais aussi à la réinsertion sociale de tout public.
Le respect de la personne humaine …
A toutes les étapes de l’accompagnement, l’association conduit ses interventions en veillant à la reconnaissance de la personne en difficulté avec ou sans addiction en tant qu’être humain, et inscrit ses actions de soin, de prévention et de réinsertion sociale dans une mission d’utilité sociale et d’intérêt général.
L’éthique de travail repose sur le respect de la personnalité, de la responsabilité et de la dignité de chacun des hommes et des femmes que nous accompagnons. Les trois principes issus de la loi de 1970 président à notre action dans le champ particulier du médico-social : volontariat, droit à l’anonymat et gratuité.
… pour favoriser l’intégration sociale.
L’association Clémence Isaure met en œuvre des moyens d’assistance, de réduction des risques, de soutien, d’accompagnement et d’insertion, adaptés à la trajectoire individuelle de la personne et qui prennent en compte son rapport individuel à la souffrance, au plaisir et à la loi.
Suivi médical, psychologique, social, éducatif et juridique : nous adaptons nos interventions aux choix et objectifs définis avec la personne toxicomane pour l’acquisition d’une véritable autonomie personnelle et sociale.
Depuis sa création l’association a souhaité répondre sous différentes formes aux questions liées aux usages de drogues. Elle s’appuie sur une éthique et sur des valeurs citoyennes pour lire avec un esprit critique les contextes, les représentations et leurs effets. L’association grâce aux valeurs qu’elle porte et aux hommes qui en font un organisme vivant, grâce à son souci de repérer, de comprendre et anticiper les besoins, s’attache à construire un « vivre ensemble ». Elle s’engage à repérer les besoins et à les faire connaître auprès des autorités en charge des politiques publiques.
Les acteurs de notre action
L’association Clémence Isaure trouve vie dans les relations entre les accueillis, les professionnels et les membres du Conseil d’Administration. La notion d’accueil et celle du « vivre ensemble » sont les dénominateurs communs à tous.
Il est difficile parfois pour les professionnels de s’accorder face à la complexité des situations mais la cohésion des équipes se construit en plaçant toujours au centre la personne qui est accompagnée.
Orientations et perspectives
Notre expérience et notre savoir faire doivent aujourd’hui servir encore plus largement l’interêt général et l’utilité sociale. Il s’agit de transmettre, faire parvenir ce qu’on a reçu ou acquis, faire connaitre et reconnaitre ce que nous faisons.
L’association veut avoir un regard perspicace sur notre société et les questions des addictions, des exclusions, de la précarité voire d’aculturation, pour être une véritable force de proposition. Nous devons rappeler que la dignité de chacun et la souffrance sont indissociables de ces problématiques. Les addictions ont un lien étroit avec la société parce qu’elles révèlent un dysfonctionnement du collectif. En ce sens la consolidation de notre action passe par une parole, un débat de société sur la question du vivre ensemble. Les addictions sont la figure emblématique de la perte de lien social et sa traduction dans la souffrance individuelle. Nous devons mener des débats de fond en réponse aux évolutions actuelles du contexte et du champ législatif.
Nous devons avoir, et ce aussi grâce à notre président, le Docteur Marc Valleur, une réflexion et une vigilance sur de nouvelles formes de conduites addictives. Aujourd’hui la notion d’addictologie a permis de faire tomber des barrières entre substances licites et illicites et de réinterroger la loi du 31 décembre 1970. L’association mène une action pertinente pour prendre en compte le développement multiforme des addictions.
Depuis le début, l’association s’attache à faire valoir la parole des usagers. Elle poursuit son action pour permettre aux personnes que nous accompagnons de connaitre et faire valoir leurs droits.
Porter cette valeur implique qu’au sein de notre association il y ait des modalités de participation des usagers de nos dispositifs qui sont usagers du soin mais avant tout des citoyens.
Nous désirons, et c’est de notre responsabilité, réfléchir et construire du devenir là où les addictions ont construit peu à peu de l’impasse à être.
La Fédération Addiction est le premier réseau français des acteurs de l’addictologie. Elle fédère des dispositifs et des professionnels du soin, de l’éducation, de la prévention, de l’accompagnement et de la réduction des risques. Elle est un acteur de proximité à travers les différentes délégations régionales, dont Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
La Fédération Addiction, à la demande de la Mairie de Toulouse, à travers le Service Communal d’Hygiène et de Santé et la Direction des Sports, propose une journée d’échanges et de réflexion soutenue par l’ARS Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées :
« Sport et substances psychoactives : des liaisons dangereuses ? »
Le film présente un projet réalisé entre l'association Clémence Isaure (CSAPA), des femmes qui y sont accueillies, et le Musée des Augustins à Toulouse autour de la question du corps, du féminin et de l'intime, notamment à travers leur représentation dans l'Art. regarder le film