Clémence Isaure a été créée en 1987, à Toulouse, par Martine Lacoste, collaboratrice du Pr.Claude Olievenstein à l’hôpital Marmottan. Claude Olievenstein assura la présidence de l’association, jusqu’en 2001. Elle a depuis été confiée à Marc Valleur, actuel responsable de l’hôpital Marmottan. Martine Lacoste en est la directrice.
La vocation initiale de Clémence Isaure prend ses racines dans « les années héroïne ». Toulousaine d’origine, Martine Lacoste, alors responsable du service social de l’hôpital Marmottan avait été chargée par Claude Olievenstein de créer dans le prolongement de leur thérapie clinique, un réseau de Familles d’accueil, appelées à héberger les personnes sevrées. Ce passage transitoire hors les murs de l’hôpital, offre un cadre normé -avec des repères affectifs et sociaux- à des ex-toxicomanes ; un sas, entre fin de thérapie et retour à une vie sans drogue, réunissant toutes les conditions pour entreprendre un parcours de réinsertion.
En 1987, toujours en lien avec Marmottan, Martine Lacoste développe le réseau Familles d’Accueil à Toulouse et plus largement en Midi-Pyrénées, en créant l’Association Clémence Isaure qui permet ainsi d’assurer suivi et soutien au plus près des familles, tout en créant une dynamique de soins et d’accompagnement. La Maison, naît de cette intention en 1989 : lieu d’accueil et d’écoute ouvert à tous, elle est à la fois un repère pour les familles, un lieu ouvert pour tous ceux qui ont un problème lié à leur consommation, et devient aussi le siège de l’association.
Clémence Isaure a créé le plus important réseau de Familles d’accueil en France, et cette action originelle se poursuit aujourd’hui.
Dans les années 1990, les épidémies de Sida et le développement des hépatites, d’une part, et d’autre part les modes de consommation de produits psycho-actifs, ont amené le postulat de l’association à évoluer, pour adapter ses actions à la réalité mouvante des comportements dits « à risques ».
C’est la création d’un Dispositif d’Equipe Mobile, DEM Cité, d’un Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue (CAARUD), en milieu ouvert, Intermède ; d’un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), Lou Trastoulet, pour personnes en grande détresse psychologique et sociale ; d’un réseau d’hébergement en appartement ou hôtel post-sevrage Areci, et d’un réseau de soins résidentiels en Appartements Thérapeutiques-Relais pour des personnes sortant de sevrage et des parents avec enfants.
Convaincue que le partenariat est gage d’efficacité, Clémence Isaure s’est toujours inscrite dans une dynamique de réseaux et de projets innovants, concourrant notamment la création du réseau Ville-Hôpital à Toulouse.
Enfin, l’association participe aujourd’hui à la mise en place de l’expérience pilote, « Un chez soi d’abord » (Housing First), un projet expérimental visant à fournir « un logement d’abord » pour permettre le rétablissement de personnes durablement à la rue, affectées de problèmes mentaux et troubles addictifs.
Enfin, Clémence Isaure a appliqué la méthodologie des pratiques de Réduction Des Risques, au domaine de la sécurité routière en créant "Axe Sud", programme de prévention des conduites à risques en matière d’usage de substances psycho-actives au volant.
Après plus de deux décennies de présence et d’interventions à Toulouse – et plus largement, en Midi-Pyrénées - les pratiques et le savoir-faire éprouvés d’une équipe stable ont enrichi, nourri, le postulat humaniste originel. Clémence Isaure, naturellement, s’est étoffée bien sûr en renforçant ses équipes (aujourd’hui, 42salariés et 40 familles d’accueil). Cette reconnaissance a été obtenue en ne s’éloignant jamais du terrain qu’il soit purement humain ou inhérent à des enjeux sociétaux (Sida, hépatites, alcool, errance…) qui touchent un public massivement précaire de plus en plus jeune.
Clémence Isaure s’inscrit dans le cadre de la loi de Santé Publique de 2004 relative à la RDR (Réduction Des Risques). Au-delà de la toxicomanie, dans l’esprit de la loi qui la définit, la RDR concerne plus largement tous « les comportements à risques », susceptibles de porter atteinte à l’intégrité physique, mentale ou sociale la personne. La loi intègre désormais le concept « d’addiction » pour caractériser ces comportements répétitifs ou permanents.
Dans la logique de son parcours, Clémence Isaure est devenu CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie). Martine Lacoste est vice-présidente nationale de la Fédération Addiction (anciennement ANITEA) et assure en Midi-Pyrénées la vice-présidence de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale).